Les moyens du bord
Je suis entrain de lire cet ouvrage.
Dans les villages du Piémont pyrénéen, Denis Boulbès a observé des
choses, des choses jamais remarquées peut-être, réalisées avec les
moyens du bord, à la va-comme-je-te-pousse, sans souci du convenable et
encore moins du convenu. Entre insolite et fantaisie, entre
anthropologie et ethnographie, et grâce aux dessins du talentueux Rémi
Magnouat, il nous entraîne avec bonheur sur les traces d’un certain
génie quotidien qui nous parle, profondément, du meilleur de
nous-mêmes.
Je goûte au plaisir de vous faire partager un petit bout du texte.
...Dans ces terres si peu peuplées, il est crucial de ne pas perdre une occasion de contact humain. Contact creux, formel, inutile, qu'importe. Le peu de lien social qui se maintient ainsi et, j'ose le dire, auquel ma présence épisodique participe, noue à mailles lâches un garde-fou des solitudes.
Nous sommes tous des gens de peu [Pierre Sansot] ... Un bavardage à l'angle d'une rue, une poignée de mains, un sourire, voilà mon réseau intime. Ma tribu, peut-être, dont chaque membre assure le pas de chaque autre. Nous n'avons sans doute ni plus ni moins de qualités que nous le croyons, nous attirons ni plus ni moins de sympathie que nous le ressentons, mais nous nous accrochons à ces instants avec l'autre parce que leur disparition serait non seulement la nôtre mais aussi celle de la tribu...
Lorsque j'allais au lycée, sur le chemin que menait à l'arrêt de bus, je prenais plaisir à saluer les veilles dames aux fenêtres. Leurs saluts en retour et leurs sourires me mettait le baume au cœur de bon matin.
Je crois que je n'ai pas changé...